Uli Rhode, l’Amazone germanique
J’ai croisé le chemin de cette formidable et grande dame par hasard, plutôt grâce à l’algorithme de Facebook, cette arme à doubles tranchants… Un jour j’ai vu dans mon compte une vidéo de Stina, la musicienne finlandaise qui interprétait en kabyle des reprises d’icônes de cette chanson. Cela fait variment plaisir. Je me suis dit qu’elle est peut-être mariée à un Kabyle. J’ai cliqué une autre fois sur une publication sur elle. Comme elle n’a pas publié à ce moment précis, l’algorithme m’affiche Uli Rhode qui parlait de Lounès Matoub, le chantre de la cause berbère ou le « maqusiard de la chanson » comme le surnommait Kateb Yacine. Comme Uli Rhode était présente sur les réseaux sociaux, dès lors ses publications défilaient sur le mur de mon compte à longueur d’occasion. Elle chantait Lounès Matoub en anglais, bien qu’elle est allemande, et parlait de son œuvre en ajoutant qu’il devait être traduit en cette langue. Elle s’exprimait en français, mais son kabyle est acceptable pour une étrangère, surtout une Germanique.
Une fois, elle a publié une courte interview avec Smaîl Medjber, l’un des poseurs de la bombe au journal El-Moudjahed à Alger, les mythiques « poseurs de bombes », condamné à mort pour atteinte à la sûreté de l’État et attentat de sabotage des biens publics, gracié puis libéré vers la fin du règne de Chadli. Dommage qu’il n’était pas du tout bavard, Uli Rhode croyant à de la modestie. Personnellement, je soupçonne qu’il souffre d’Alzheimer ou d’un AVC avec séquelles graves, car il s’exprimait difficilement et semblait chercher ses mots, peut-être une conséquence des terribles tortures qu’on lui avait fait subir.
Puis, j’ai jeté un coup d’oeil sur ses publications en ligne, une petite caverne d’Ali Baba sur la berbérité et les Berbères. Elle était de tous les angles, un cas exceptionnel. Cette grande dame, d’une simplicité désarmante, a apporté sa pierre pour la réhabilitation et la valorisation de la dimension berbère (ethnie, langue, culture et civilisation). Elle mérite notre reconnaissance, notamment la mienne, au nom de tous les Berbères fiers et jaloux de leur culture et de leurs ancêtres. Un grand merci et un chaleureux bravo, Uli !