De l’amitié
L’amitié est un sentiment et comme tout sentiment on doit le nourrir pour qu’il vive ou perdure, c’est selon. Il se nourrit de dons physiques ou moraux ; un bien matériel, un geste attentionné, un soutien moral ou psychologique, une aide quelconque, etc. Mais, cela ne suffit pas, car un complice est capable aussi de ces choses, voire plus dans certaines situations, comme taire le crime de son ami et lui rester fidèle.
Il faut donc aller au-delà de la complicité : pardonner à son ami une grave erreur, plutôt une traîtrise, disons une infidélité avec votre épouse ou petite amie adorée, ce que le complice ne pourra pas faire. Certes, il peut y arriver mais par lâcheté, parce que le coupable est plus fort et plus méchant que lui, impitoyable. Un ami, lui, le fera par bonté ou grandeur de l’âme.
Vous me direz que les amis ne sont pas faits pour trahir. Soit. Mais les amis sont aussi là pour pardonner. De plus, on s’estime heureux qu’on ne soit pas le premier à fauter de cette gravité et on doit le remercier pour nous avoir offert cette occasion (unique) pour mettre à l’épreuve notre prétention à l’amitié. Aussi, quand un ami arrive à cette extrémité, il doit avoir une bonne raison et a grandement besoin d’aide, donc de notre aide. Si on ne lui pardonne pas, du moins on ne le comprend même pas, on est incapable d’amitié.
Je cite comme exemple la tragédie du jeune Werther, le roman de Goethe intitulé Les souffrances du jeune Werther. Werther est présenté par son meilleur ami qui l’adorait, à sa petite amie dont il était très amoureux. Werther tombe follement amoureux de cette jeune femme. Tiraillé entre son amour qui le pousse à trahir son ami pour satisfaire son sentiment et son amitié qui le lui interdit et qui lui fait ressentir le dégoût de la vie, il préfère se suicider. On est dans le roman, car la réalité, sauf exception, est celle de l’ami qui trahit.
Pour mériter d’être capable d’amitié et non de camaraderie, on doit choisir entre la réaction du jeune Werther ou le pardon de son ami. Ne me retournez pas la question, malgré toute ma lucidité, je ne saurais choisir, mais je reconnais aussi que tant que je n’ai pas prouvé que je suis capable de cette amitié, je ne la mérite pas, et je suis exigeant en amitié.
Quant à la femme, sans vouloir la taquiner, je reprends les propos de Nietzsche : « La femme est capable d’amour ; l’homme, de camaraderie ». L’amitié est incompatible avec sa nature très sentimentale : aimante le matin, haineuse violemment le soir à la moindre erreur. Ne soyez pas offusquées, les filles. Soit une de vos copines qui couche avec un copain que vous convoitez, pas le petit ami ou le mari car là vous voudrez la tuer.
Celui qui ne connaît pas la définition de l’amitié ne peut être un ami. En amitié, il faut connaître celle-ci et appliquer, cette dernière étant la plus difficile, ce qui fait d’elle la pépite des pépites. L’amitié est comme une eau tranquille. Vous vous attendez à la métaphore du verre cassé et recollé mais non conforme à l’original. Je conçois cet exemple après une grave deuxième erreur, dont il vaut mieux rompre.